Le livre Davis sur l'autisme en français / 3e partie

Nous sommes heureux de vous présenter en avant-première un extrait de la traduction française de l'ouvrage "Autism and the Seeds of Change" par Abigail Marshall et Ron Davis.

L'édition française va paraître mi-décembre 2015. Vous trouvez dans cette première partie du dernier chapitre un petit aperçu du livre et des études de cas très évocatrices venant de différents pays.

 

Bonne lecture,

 

Votre équipe Davis

Pour lire la suite : Chapitre 12 / 1e partie

Pour lire la suite : Chapitre 12 / 2e partie

Pour lire la suite : Chapitre 12 / 4e partie

Chapitre 12 / 3e partie

Semaine 2, février. Les concepts du Développement de l’Identité jusqu’à « l’Émotion : »

6° journée : Pour mon grand plaisir, le changement chez Amber est stupéfiant ! Ses yeux sont lumineux, ils ont un éclat qui n’était pas là auparavant. Elle établit le contact visuel, voulant me raconter tout ce qu’elle avait fait depuis que nous nous étions quittées (elle a obtenu un TRAVAIL … ce qu’elle n’avait jamais été autorisée à faire, mais avec les progrès qu’elle avait fait, maintenant elle pouvait !) Lors de notre révision des concepts vus précédemment, elle les avait tous complètement retenus – nous nous sommes beaucoup amusées à regarder les images de ses modelages de la première semaine, et elle était capable d’en identifier toutes les parties. Son père m’a transmis que les problèmes de comportement avaient presque entièrement disparus dans son centre d’accueil. Il était clair, au vu de ce résultat, qu’Amber avait intégré le concept de la conséquence depuis la dernière fois où nous avions travaillé ensemble.

 

7° journée : La perception et la pensée se firent bien. La motricité fine d’Amber s’améliore. La pâte semble se modeler un peu plus facilement. Elle commence à s’ouvrir plus et établit beaucoup plus de contacts visuels.

 

8° journée : Nous avons terminé expérience et avons fait un « voyage d’étude » très amusant pour découvrir quelques nouvelles expériences ensemble. C’était un exercice pour faire du lien. Amber semble s’intéresser d'avantage aux autres personnes. Elle a émis quelques commentaires au sujet de la petite boutique où nous nous trouvions – comme celui sur le fait que c’est un lieu où sa grand-mère aimerait bien aller. Elle a regardé franchement l’homme derrière la caisse, et semblait me regarder lorsque je discutais avec lui.

 

9° journée : Tous les concepts semblaient bien se passer. Je fus impressionnée par la facilité avec laquelle elle a saisi les concepts de l’énergie et de la force.

 

10° journée : Nous avons appris beaucoup de concepts aujourd’hui. Je ne m’attendais pas à ce que l’émotion aille aussi vite. L’exploration fut une partie de plaisir. Les expressions du visage d’Amber changeaient quand nous voyions différentes émotions de différentes personnes. Ce fut là que sa première conversation non sollicitée se produisit. Au McDonald, elle vit un homme d’âge mûr s’approcher d’une petite dame âgée et dire : « Oh bonjour, jeune fille ! » La vielle dame était ravie. Les yeux d’Amber dardaient et regardaient droit dans les miens comme pour dire « J’ai compris que c’était une plaisanterie! » Elle gloussa. Ce qui suivit fut encore plus étonnant. Amber a commencé à me parler de sa grand-mère. Elle entra dans une longue histoire détaillée sur sa grand–mère qui était écossaise et comment celle-ci rencontra son mari pendant la guerre quand il était à l’armée. Plus tard ce jour-là, j’ai raconté cette histoire à la maman d’Amber. Elle en resta interdite et dit : « Amber vous a raconté cela ? » J’ai découvert par la suite que la famille n’avait littéralement aucune idée du fait qu’Amber connaissait cette histoire et avait reçu un choc qu’elle ait vraiment retenu toute cette information.

 

Semaine 3, avril. Achèvement, Développement de l’Identité jusqu’à Établir l’Ordre ; Intégration Sociale avec les Concepts Relationnels :

11° journée : Ce fut un émerveillement d’entendre qu’Amber avait commencé son travail. Elle est SI heureuse. Elle est maintenant capable de travailler sans la surveillance de l’échelon supérieur. La capacité fut vraiment facile. Nous sommes allées à la galerie de jeux vidéo. Amber s'amusait beaucoup. Ses yeux scintillaient, elle se sentait accomplie, elle apprenait et s’améliorait chaque fois qu’elle jouait aux jeux.

 

12° journée : Bonne journée aujourd’hui. Amber discutait de notre visite avec elle, sa mère et moi, organisée demain à son centre. Elle insistait sur certains points – qui serait de service, à quelle heure sa colocataire reviendrait et qu'elle voulait avoir terminé avant qu'elle revienne. J’exultais intérieurement – mais je pense que sa maman a dû faire quelques expériences d’adaptation à la nouvelle voix d'Amber. Je lui ai rappelé que c’était une bonne chose … nous voulons qu’Amber soit capable de participer pleinement à la vie, et s’exprimer oralement au sujet de son espace de vie en fait partie. Sa maman acquiesça.

 

13° journée : Journée d’amusement aujourd’hui… au centre d’Amber pour l’exercice final d'Établir l’Ordre. Comme nous l’accompagnions en haut à sa chambre, je commençais par penser « Ah non ! » – C’était presque parfaitement rangé. Il n’y avait pratiquement rien qui ne soit à sa place. Mais lorsque nous avons ouvert le placard… BINGO ! Nous avons passé deux heures dans son placard, et il était complètement rangé lorsque nous sommes parties. À un moment, je lui ai demandé si elle voulait faire une pause, elle a répondu, « Non, pas maintenant. » C’était contraire à toutes les autres fois où je lui avais posé la question.

 

14° journée : Les concepts relationnels se déroulèrent très bien. Amber semblait très intéressée. Sa mère a dit qu’Amber avait parlé TOUT LE LONG du trajet en voiture pour venir ici. Elle a dit que c’était un énorme changement, auparavant ils auraient roulé en écoutant tranquillement la radio. Sa maman a dit, « Elle a passé une si longue partie de sa vie sans parler... qu’elle a beaucoup à dire ! »

 

15° journée : Le reste des concepts (plus que deux) se déroula bien. Nos festivités furent importantes et j’ai donné à Amber un Certificat de Fin de Stage. Durant notre rencontre, son père a raconté combien il était reconnaissant pour les changements qu’il avait déjà vus chez Amber. Il était ravi et ne pouvait attendre de voir où cela la mènera. Je lui ai rappelé que ce n’était pas la fin… en fait, c’est un commencement… comme elle commence à filtrer ses futures expériences à travers ces nouveaux concepts.

 

Étude de cas : l’expérience d’un adulte, 18 mois plus tard

Le facilitant Davis Christien Vos des Pays Bas a travaillé pendant un an avec un homme adulte, le rencontrant une fois par quinzaine. Celui-ci avait beaucoup de mal avec le programme, étant souvent raisonneur et résistant ; cependant, après l’achèvement du programme, il a expérimenté de profonds changements dans sa vie :

 

À l’âge de 39 ans, Willem, un homme autiste de haut niveau, vivait seul et n’avait aucun ami. Lorsqu’il vint me voir, il était incapable de faire plus d’une activité par jour et régulièrement échouait à trouver ou conserver un travail. Il était très méfiant, excessivement sensible, et parlait avec un bégaiement. Il était extrêmement brillant, mais manquait de créativité.

 

 Le programme de l'Approche Davis de l'Autisme fut un voyage difficile pour lui. Il détestait travailler avec la pâte et questionnait et résistait au début à de nombreux concepts. Néanmoins, il persévéra à venir à mon bureau une fois par quinzaine pendant un an. Au fil du temps, son aversion diminuait et nos discussions devenaient plus courtes, moins offensives/défensives. Il commençait à apprécier la sensation que chaque concept maîtrisé lui apportait.

 

Parce qu’il vivait seul, n’avait aucun ami ni aucun travail, il lui était difficile d’avoir un retour dans sa vie quotidienne. Cependant, après quelques mois, alors que nous discutions de ses expériences des semaines passées, il était capable de reconnaître les changements dans ses propres processus de pensées et de comportements.

 

Après qu’il eut terminé le programme, je n’entendis plus parler de lui pendant quelques temps. Enfin, 18 mois plus tard, il me contacta par courriel et fixait un rendez-vous pour qu’il puisse discuter de sa vie actuelle.

 

Lors de cette rencontre il a signalé les changements suivants :

  • il n’a plus peur des autres, bien qu’il estime qu’il est encore extrêmement méfiant et qu’il bégaie encore
  • il a une vue d’ensemble des relations sociales, comprend pourquoi les gens agissent comme ils le font et ne se sent plus effrayé, bouleversé, en colère ni stressé
  • il peut entreprendre plusieurs choses en même temps et peut traiter des tâches multiples avec leur propre séquence en restant détendu et orienté
  • il prend des initiatives et les exécute réellement
  • il est devenu plus créatif – par exemple il a commencé à dessiner
  • il est le capitaine et le webmestre de son club de bridge, écrit les rapports des tournois de bridge pour son groupe
  • il a rejoint un groupe de discussion (dans la vie réelle, pas sur le web) qui se rencontre régulièrement pour dîner avant la discussion
  • il fait des plans pour son avenir
  •  

Étude de cas : un enfant avec un syndrome d’Asperger, un an plus tard

La facilitante Davis Gale Long a également rapporté les changements à long terme chez une jeune fille avec qui elle avait travaillé. La mère de l’enfant a précisé le contexte.

 

La maman de Kayla a raconté :

Kayla avait beaucoup de symptômes du Syndrome d’Asperger. À côté de ses problèmes d’élocution, elle se débattait avec la rage et la colère, était fortement sur-stimulée par les sons, la foule, les lumières, les odeurs. Ses capacités motrices étaient sous développées rendant les activités ordinaires comme la bicyclette et la marche difficiles. Ses obsessions et ses compulsions étaient des problèmes qui rendaient difficiles les activités quotidiennes. Elle manquait de repères sociaux, ce qui lui rendait difficile de lire les expressions des visages, le langage corporel et les règles de la conversation. Elle avait tendance à être trop amicale. Elle avait une sensibilité inhabituelle à la lumière, à la nourriture et au toucher. Ses troubles de l'intégration sensorielle avaient rendu nécessaire une thérapie pendant des années. Comme la plupart des individus autistes, elle avait des difficultés à faire les transitions entre activités, aussi bien que des difficultés à se faire et à conserver des amis.

Nous étions dans un état de tension constante pendant ses années élémentaires. L’école n’avait aucun plan pour l’aider. Ils ne savaient pas comment la gérer en classe. Les élèves ne savaient pas comment communiquer avec elle. Ils se moquaient d’elle, et comme elle n’avait pas de compétence verbale, elle devenait violente physiquement avec les objets. Elle fut expulsée de l’école à cause de son comportement, et se retrouva dans une école spécialisée au CM1 (fourth grade). Quand elle entra au collège, Kayla fut confrontée au chaos et à l’anxiété, au désir de s’adapter, au sentiment de rejet, n’avait pas d’amis et était persécutée. Les professionnels m’ont informée que je devais accepter le fait que Kayla ne s’améliorerait jamais.

 

La facilitante raconte :

Lors de notre première rencontre, Kayla entra avec circonspection dans mon bureau. Elle se cachait partiellement derrière sa mère et s’accrochait à sa main comme si, si elle la lâchait, il pouvait lui arriver quelque chose de terrible. Mais sa curiosité était évidente à la façon dont elle me regardait de ses magnifiques yeux bleus, et ses longs cils. Comme elle commençait à se détendre en ma présence, un vertige l’a saisie et elle a commencé à pousser des cris perçants et à sautiller fortement. Avec une excitation évidente, elle partagea quelques expériences avec moi, mais j’avais tellement de difficultés à la comprendre que j’ai dû feindre d’avoir compris ce qu’elle avait dit.

 

Les observations de la facilitante – un an après l'Approche Davis de l'Autisme :

J’ai récemment rencontré Kayla pour un repas après l’école. Alors que les élèves sortaient de la classe, j’ai remarqué Kayla descendant calmement le trottoir, discutant et riant avec une amie. Quelle différence ! À peine un an auparavant, lorsque j’allais la chercher pour nos sessions d'autisme, je voyais régulièrement les autres la brutaliser ou l’ignorer dans la cour. De nombreuses fois elle pleurait. J’avais mal au cœur de la voir se battre pour s’adapter au monde.

 

Aujourd’hui, Kayla a de nombreux amis qui la traitent en égale. Kayla a pris part récemment à un voyage pour une nuit et une journée de rafting. Au cours des années précédente, elle n’avait jamais eu d’amis et elle n’avait pas la capacité de prendre part à une activité avec nuitée. Ce fut énorme – être capable de surmonter ses peurs et ses attitudes sociales inadaptées pour vraiment prendre du plaisir à une journée magnifique avec des amis ! Kayla se débat encore parfois, mais elle a les outils et la capacité pour juger des situations et y répondre de façon appropriée. J’ai appris des leçons de Kayla, car elle m’enseignait combien les choses sont difficiles dans la perspective autistique.

 

Comme nous terminions notre repas ensemble, j’ai demandé à la maman de Kayla si elle pouvait me dire trois mots pour décrire Kayla avant son Programme d’Autisme. Elle répliqua : isolement, frustration et tristesse. Les trois expressions qu’elle emploie pour décrire Kayla maintenant : espoir, attitude légère, et joie.

 

J’attendais anxieusement les réponses de Kayla aux mêmes questions. Elle y a soigneusement réfléchi et m’a dit ses trois mots pour avant : tristesse, solitude et souffrance. Maintenant elle dit qu’elle se sent heureuse, intégrée et sûre d’elle.

 

 

Pour consulter le site web international Davis Autisme, cliquer sur le logo.

Le terme “Approche Davis® de l’Autisme®” est une marque deposée de Ronald D. Davis. L’utilisation commerciale de cette marque pour identifier des services d’éducation, d’instruction ou thérapeutiques nécessite une licence de la part du propriétaire de la marque.