Ron Davis :

Ou comment un homme a changé à jamais le visage de la dyslexie

Quarante ans de „don de la dyslexie


Il y a quarante ans ... dans l’indifférence totale du monde qui vaquait à d’autres occupations, un homme a réalisé l’une des plus grandes avancées en matière de prise en compte des troubles de l'apprentissage dans l’éducation.

 

Après 38 ans d'illettrisme, Ron Dell Davis vit sa première expérience de la lecture. Elle lui apporte un nouvel œil sur ses difficultés et permet d’ouvrir la porte à de grandes recherches qui ont permis de brillantes découvertes sur la dyslexie, le TDA/H, la dyscalculie, la dyspraxie, la dysgraphie et l'autisme.

 

Ce brillant pionner, de nature généreuse, dont la vie pourrait inspirer un film hollywoodien, a suivi un parcours initiatique hors normes. Il a su, passant de l’enfance à l’âge adulte, surmonter les obstacles que nombreux disaient impossibles à franchir.

A la manière de Newton, Einstein ou Jung, les chemins suivis par Ron Davis dans ses expériences et ses recherches lui ont permis de prouver ses théories dont la première concerne la cause profonde de la dyslexie.

 

Véritable innovateur dans le domaine, il voit tout d’abord ses théories ignorées, voire rejetées. Après quarante années de travail acharné, il permet aujourd’hui à d'innombrables dyslexiques de lire, d’écrire, d’orthographier, de calculer. C’est en effet en faisant face à l’adversité, et grâce à sa ténacité, qu’il a mis son œuvre transformatrice au service du monde.

 

Ce n'est qu'au cours des dix dernières années que la communauté scientifique a fait des découvertes tendant à prouver les théories de Ron Davis. Ainsi, la neurodiversité et les "dons de la dyslexie" sont désormais largement acceptés comme des évidences.

 

Cette reconnaissance n'a pas été facile. En effet, dès sa naissance le 8 août 1942, Ron Davis est diagnostiqué comme "Kanner's Baby", enfant possédant un trouble neuro-développemental dévastateur qui, selon les mots de son médecin, signifiait qu'il ne pourrait jamais  apprendre, parler ou accomplir beaucoup plus qu'un chimpanzé. Il ne pourrait par ailleurs pas davantage être tenu. Ce soi-disant destin devait être confirmé en 1954.

 

Par chance, la mère de Ron comprenait juste que "Ronnie serait lent." Elle est devenue son plus grand défenseur malgré un mari et deux fils aînés dont les patiences ont rapidement atteint leurs limites. 

D'après son récit concernant sa petite enfance, Ron n'a aucun souvenir de ses neuf premières années. Pendant cette période, explique-t-il, il n'avait pas conscience d'être en vie et ne ressentait aucun lien avec les autres ou avec lui-même. C'est à l'âge de neuf ans que Ron a miraculeusement pris conscience du monde physique qui l'entourait alors que son corps fonctionnait sans lien avec la conscience. Dans le vide de l'autisme, quelque chose l'a réveillé au monde.

 

Permettez-vous d'en faire l'expérience pendant un moment.


Dans le vide de l'autisme, quelque chose l'a réveillé au monde.


Cette prise de conscience a déclenché le début du processus de développement que la plupart des bébés traversent à l'âge de deux ans. C’est donc un terrifiant chaos qu’il subissait soudainement, à neuf ans. Le monde était un endroit dur, confus et effrayant. Ron n'avait aucun outil, aucune expérience, aucune compréhension et aucun fondement sur lesquels s'appuyer pour donner sens à cette nouvelle réalité.

 

Être à l’école faisait partie de cette nouvelle réalité ! Ainsi, dans son nouvel environnement, il était assailli de couleurs, de bruits, de lumières, de règles, de nouveaux langages et de chaos. L'école devenait un lieu cauchemardesque où il devait APPRENDRE, chose pour laquelle il n'était pas équipé et incapable de faire à l'époque.

 

Au cours des trois années suivantes, Ron a eu de nombreuses nouvelles expériences. Il a commencé à s'individualiser. Le cycle de développement de son identité avait commencé ce jour fatidique où sa conscience s'est connectée à son corps. C'est généralement à ce moment que les enfants commencent à prendre conscience de leur "moi" - permettant l'intégration sensorielle, les goûts, les aversions, le discernement des autres, les favoris, etc. - et les expériences commencent à s'ancrer dans les souvenirs, créant ainsi une plate-forme d'apprentissage et de développement du langage.

 

Les progrès de Ron ont cependant été lents. Il continuait à être essentiellement non verbal, à manifester des problèmes sensoriels alors que les interactions sociales étaient particulièrement douloureuses.

Il lui était impossible d'apprendre dans sa salle de classe. N’ayant aucune signification pour lui, la bande de lettres en haut du mur le distrayait. En fait, les formes intéressantes flottaient, tournaient, basculaient et se retournaient dans l'air. Elles étaient juste assez amusantes pour susciter une certaine intrigue.

 

Une fois rentré chez lui, Ron pouvait se réfugier dans son jardin, endroit qui lui apportait bien plus de bonheur que sa salle de classe. Ses frères surveillaient ses jeux à contrecœur, Ron ne pouvant toujours pas être laissé seul.

 

Pour autant, sans s’en rendre compte, Ron apprenait bien davantage qu’il ne le pensait. Il les entendait parler de lui et savait qu'il était différent. Il comprenait qu'il n'était pas comme « les autres » et tout ce qu'il espérait, désespérément, c'était de devenir un « vrai être humain », comme tout le monde : Ce fut le début d’une grande détermination.

Ron n’avait pas la chance ni le droit de posséder, comme ses frères, un couteau de poche ou une montre. Cependant, grâce à son imagination et en utilisant la terre rouge de son jardin mélangée à de l'eau, faisait-il des concoctions d'argile gluante. Malaxée et transformée, la terre représentait tout ce qu'il voulait ! Une fois séchée, elle gardait la forme désirée pendant une semaine ou plus. Ainsi, Ron a créé de nombreux couteaux de poche et montres-bracelet lui faisant sentir qu'il était un peu plus proche de la « normalité ».

 

Finalement, ces formes d'alphabet intéressantes qu'il voyait tous les jours sur le mur de la classe sont devenues des créations de son jardin. En gardant la forme dans son imagination jusqu'à son retour à la maison, Ron a commencé à créer des répliques des lettres dans l'argile. Avec sa capacité de communication limitée, il demandait à ses frères, : "Qu'est-ce que c'est ?"

 

Ils lui disaient le nom de la lettre, et avec le temps, quelque chose a commencé à coller. Ron avait maintenant l'expérience de la création des lettres, ce qui lui donnait un point d'ancrage pour y attacher le nom de la lettre. Les lettres qu'il avait créées commencèrent à tenir sur le mur, et son intérêt et sa motivation pour continuer à les créer continuèrent, jusqu'à ce qu'il les ait finalement toutes apprises. Il ne s'était pas soucié de les apprendre dans le bon ordre, mais il connaissait chaque lettre !


A son insu, ce petit garçon était en train de développer un élément clé d'un programme très efficace qui allait finalement aider des centaines de milliers de personnes à trouver leur chemin pour sortir des difficultés d'apprentissage !


A 17 ans, bien qu'il soit étiqueté comme "inapte à l'enseignement et mentalement retardé" Ron voit un professeur s’intéresser à lui. Ce dernier décide de lui faire passer un test de QI et les résultats qu’il obtient surprennent tout le monde car, Ron avec 137 points, entrait dans la case des génies.

 

Ron fut immédiatement envoyé chez un orthophoniste et son langage verbal s'est rapidement développé.

 

Apprendre à parler a fait entrer les mots dans l'univers de Ron. Il a utilisé avec voracité l'argile pour apprendre des concepts et des mots - chaque fois en s'appuyant sur ce qu'il avait déjà maîtrisé. Entre 17 et 27 ans, il a créé plus de mille idées et mots en modelant de l'argile. À 27 ans, son QI est passé à 169 ! 

Dès lors, Ron parlait et pouvait travailler, faire des activités artistiques et avoir des relations. La lecture, cependant, n'était toujours pas possible. Le problème était que, tout comme les lettres de l'alphabet sur le mur à l'école, les mots sur une page semblaient nager ! Les lettres ne tenaient pas en place, l'espacement disparaissait, les formes des mots se transposaient et se déplaçaient. Il n'y avait pour lui 

aucun moyen de donner un sens à tout cela.

 

Cette grave distorsion perceptuelle n’était pas visible pour les autres, mais c'était une expérience très réelle. Ron, grâce à sa très grande intelligence, a su garder ce secret pendant une grande partie de sa vie d'adulte. Heureusement, beaucoup de choses dans sa vie lui sont venues facilement, l'ingénierie mécanique, par exemple.

 

Comment un homme sans éducation formelle pourrait-il comprendre la mécanique de l'ingénierie ? C’est difficile à comprendre pour les non-dyslexiques, et il faut se souvenir de la capacité de Ron à voir mentalement les lettres sous tous les angles. Il se trouve que cette aptitude est brillante lorsqu'il s'agit d'objets du monde réel (ou imaginaire) ! Sa façon unique de penser et sa capacité à manipuler des images mentales sont un atout très convoité à l'époque de la "course à l'espace", lui offrant la possibilité d'exceller en tant qu'ingénieur pour le gouvernement américain sans avoir besoin de lire un mot !

 

En fait, Ron a si bien réussi qu’il a été promu pour se voir offrir un changement de responsabilité terrifiant : l'administration. Pour éviter d'être exposé comme illettré, Ron a quitté le gouvernement et a commencé une carrière de sculpteur. Son domaine d’artiste, réconfortant, lui a valu une certaine notoriété et une réussite financière.


C'est au cours de cette phase de sa vie qu'il a fait

l'étonnante découverte qui a bouleversé toutes

les idées reçues sur la dyslexie.


Au cours d'une interview sur son brillant travail artistique, un journaliste lui a demandé "COMMENT ? COMMENT pouvez-vous faire ce que vous faites ?  Il ne lui a pas été aisé de répondre à cette question car, pour lui, sculpter était facile. Décrire cela par des mots était un défi qu’il a néanmoins relevé en suivant un processus créatif.

 

Sculpter, c'était simplement donner forme à son image mentale. Comme en ingénierie mécanique, il pouvait visualiser à quoi la sculpture ressemblerait et refléter cette image dans l'argile. 

D’autre part, il a réalisé qu'il se noyait dans son espace de pensée et de création et qu’il perdait ainsi toute trace du monde physique autour de lui. Ses sens étaient alignés sur ce à quoi il pensait, et non sur ce qui se passait autour de lui. Le langage n'existait pas dans ce monde. Il n'y avait que des images fantastiques. Le temps était suspendu. Les mains et la pensée se rejoignaient dans une belle alchimie…

 

Attendez, reculez …

 

… langage n'existait pas dans ce monde …

 

… langage n'existait pas dans ce monde … !

 

Où la langue n'existait-elle pas ? Où est-il allé ?

 

S'il pouvait "aller" dans un endroit où la langue n'existe pas, pouvait-il trouver un moyen d'"aller" là où elle existe?

Sa curiosité a été ÉVEILLÉE.

 

Cette question, qui lui venait à l’esprit, allait lui permettre de découvrir la cause profonde de la dyslexie (désorientation) et, une fois qu'il l'a découverte, il a pu lire sans effort pour la première fois de sa vie. Les mots restaient immobiles, l'espacement était précis, et il a fait l'expérience, dès qu'il a découvert la réponse, de ce que le reste du monde ressent en regardant un texte.

 

Croyant avoir "guéri" sa dyslexie, il a créé le Reading Research Council en 1982 pour étudier et tester sa découverte auprès de dyslexiques adultes qui, comme lui, luttaient avec le langage écrit tout en étant très intelligents, intuitifs, créatifs, et qui pensaient aussi avec une IMAGERIE VISUELLE.

 

Ils ont rapidement découvert que tous les dyslexiques participant à la recherche partageaient les traits suivants :

  1. Différents degrés de distorsion perceptuelle (mots transposés, mots ajoutés/omis, vol stationnaire, déplacement, etc.) ;
  2. Pensées en images visuelles vs. en langage (peu ou pas de pensée verbale) ;
  3. QI supérieur à la normale ;
  4. Incohérence de la capacité de lecture (parfois, c'était bien, parfois, c'était impossible) ;
  5. Problèmes avec les mots abstraits/à haute fréquence (mots à vue) ;
  6. Capacité à exceller dans un ou plusieurs domaines (avoir un "don" pour quelque chose).

Les recherches ont été compilées et, avec l'aide d'un psychologue de l'éducation, les pièces du puzzle se sont assemblées.

 

Le Programme de Correction de la Dyslexie Davis® est né de l'ingénierie inverse du chemin parcouru par Ron, le renvoyant à la modélisation des lettres dans son jardin et entremêlée de principes éducatifs solides apportés par le Dr Fatima Ali.

 

Les résultats sont très positifs. Le bouche à oreille se répand et bientôt des centaines de dyslexiques affluent aux portes du Conseil de recherche sur la lecture.

 

Ainsi, la demande écrasante a donné à Ron un nouvel élan.

Dans le but d'atteindre et d'aider le plus grand nombre de personnes dyslexiques, Ron a documenté l'ensemble du processus et publié son livre à succès, The Gift of Dyslexia (Le don de dyslexie), en 1994, et a créé la Davis Dyslexia Association International en 1995 pour former d'autres personnes à ses méthodes. 

Les programmes ultérieurs (Davis® Maitrise de l’attention, Davis® Maitrise des mathématiques, Davis® programme pour les jeunes apprenants  et les stratégies d’apprentissage Davis ® pour les écoles) ont eu le même succès et ont permis de débloquer l'éducation pour ceux qui ne répondent tout simplement pas aux méthodes d'enseignement habituelles. Le deuxième livre de Davis, The Gift of Learning (Le don d’apprendre), a été publié en 2003.

 

Le bouche à oreille a continué à diffuser son travail dans le monde entier. Son livre est maintenant traduit dans plus de 20 langues, ce qui fait du programme de correction de la dyslexie Davis le programme privé le plus utilisé dans le monde pour traiter les symptômes de la dyslexie et les difficultés d'apprentissage qui y sont liées.

 

La plupart des plus de 500 facilitants certifiés Davis sont entrés en formation après avoir été témoins des résultats transformationnels du programme avec un élève ou un proche. Davis Dyslexia Association International est une organisation bien connue, qui témoigne de l'efficacité des programmes. Elle continue à progresser et à se développer avec très peu de publicité traditionnelle.

 

L'histoire de la vie et les découvertes de Ron Davis, inspirantes et responsabilisantes, ont eu un impact sur la vie d'innombrables personnes qui ne croient plus qu'elles sont stupides. Au contraire, ils sont maintenant débloqués et capables d'apporter leurs dons au monde ! Pour en savoir plus visitez le site www.dyslexie-tda-dyscalculie.eu, et/ou trouvez un facilitant près de chez vous à l'adresse www.dyslexie-tda-dyscalculie.eu/praticiens.

 

Avec nos félicitations et notre gratitude pour 40 ans de changement de paradigme, d'ouverture de nouvelles voies et de libération des brillants esprits des dyslexiques doués dans le monde entier, nous vous remercions, Ronald Dell Davis, pour votre contribution et les réalisations de toute une vie.

 

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